Regard sur le traitement que le système scolaire burundais réserve aux élèves renvoyées pour cause de grossesse
Le règlement scolaire burundais ne fait pas l’unanimité entre tous les intervenants du système éducatif burundais sur les délais de réintégration des jeunes élèves ayant été renvoyées pour cause de grossesse.
Au Burundi, le règlement scolaire stipule que les jeunes filles (élèves) qui tombent enceintes de même que les garçons (auteurs de ces grossesses) doivent être renvoyés de l’école pour l’année scolaire encours.
Néanmoins, les conditions de retour ne sont pas les mêmes pour les filles et les garçons. En effet, le garçon rate uniquement l’année en cours et a droit de reprendre l’école dès la rentrée scolaire prochaine alors que le retour de la fille est soumis à certaines conditions qui peuvent prolonger de un à deux ans le délai de réinsertion.
Cette situation est interprétée par certains comme injuste et plus particulièrement les jeunes filles qui ont été renvoyées pour cause de grossesse.
C’est le cas de Nadine*, jeune fille 19 ans qui étudie à la 9ième.
« Après être renvoyé pour cause de grossesse, j’ai passé un an et quatre mois avant de reprendre l’école. Cette période n’a pas été facile à gérer pour moi. Je passais plus de temps avec des jeunes analphabètes et les perspectives de retourner à l’école s’amenuisaient peu à peu. L’idée d’abandonner l’école commençait à traverser l’esprit. Cependant, je remercie Dieu car j’ai pu réintégrer l’école malgré que la procédure n’ait pas été facile pour moi. c’est pourquoi je demande aux autorités compétentes d’assouplir les délais et les conditions de retour à l’école pour les jeunes filles comme c’est le cas pour les garçons auteurs des grossesses ».
Suite à cette situation, APFB a identifié les articles du règlement scolaire qui sont à l’origine de l’incompréhension de ces jeunes et les a soumis à un débat auprès de différents intervenants du système scolaire burundais notamment le Directeurs des écoles, les représentants des confessions religieuses, les représentants des parents, les notables collinaires dits « Abahuza », les oncles et tentes des écoles partenaires ainsi que les élèves bénéficiaires de l’APFB lors d’une session d’échange qui a été organisée en date du 27 octobre 2023 en province Kirundo.
La grande partie de cette activité a été consacrée aux échanges sur les articles du règlement scolaire jugés lacunaires à savoir: les articles 27, 35, 70 et 71. A la fin de ces échanges, les participants ont suggéré que les articles 27 et 35 devraient être supprimés tandis que les 70 et 71 devraient être revus pour favoriser le retour des jeunes filles renvoyées de l’école pour cause de grossesse.
Cette situation est ainsi, au moment où, selon les données du ministère de l’éducation nationale et de la Recherche scientifique (MENRS), un millier des jeunes filles burundaises est renvoyé pour cause de grossesse (1019 cas durant l’année scolaire 2020-2021).
Signalons que cette activité a été organisée dans la cadre de la campagne #Dutezurirekare initié par le consortium qui exécute le projet RHRN2 au Burundi.
*nom qui a été modifié par souci de protection des données personnelles